Bonsoir Mesdames et Messieurs!
Et nous revoilà au travail après une excellente fin de semaine placée sous le signe du plaisir de profiter l'un de l'autre, de notre ville d'adoption et du temps, toujours magnifique sous la latitude montréalaise!
Non contente d'accueillir le festival de Jazz, Montréal a aussi décidé de faire pétiller nos yeux de grands enfants avec Complètement Cirque. Ai-je besoin de préciser qu'il s'agit d'un festival de cirque?
Nous avons eu la chance de nous voir proposer par un de nos voisins de prendre les places à son nom offertes par sa boîte pour un spectacle samedi soir. Sur le papier, ça avait l'air vraiment sympa, en vrai, ce fut carrément génial.
D'emblée, je fus séduite par le décor: l'Olympia. Rien à voir avec la salle parisienne. À Montréal, c'est un mix entre une salle de concert avec ses balcons et ses sièges en rang, un cabaret spectacle avec ses tables rondes (le hasard a voulu que l'on se retrouve à l'une de ces tables, toute proche de la scène, parce que l'hotesse à l'entrée était incapable de lire sa liste imprimée en tout petit dans la pénombre du hall, elle nous a donné les premières places qui lui sont tombées sous la main) et un chapiteau de cirque/ring de boxe avec sa scène ronde plantée en plein milieu de la salle.
Le spectacle étant présenté par Unibroue, nous eûmes droit à un breuvage digne de l'appellation bière, ce que j'appréciai comparativement au festival de Jazz où il n'est pas possible de trouver autre chose que de la Heineken. Oui, quand on naît dans un pays brasseur et qu'on vit dans un autre, on devient sacrément tatillon sur la bière, c'est ainsi.
Bref ça s'annonçait vraiment bien avant même d'avoir commencé...
On nous fit mijoter un petit moment avant de démarrer le show. Et c'est là qu'IL/ELLE fit son apparition... Le Gateau chocolat! Une voix d'opéra digne de Pavarroti sort d'un corps perdu dans les froufrous d'une robe de chambre en tulle, coiffé d'une perruque blonde bouclée à la Marilyn, les yeux agrandis par des faux-cils démesurés et rayés noir et blanc. C'est fou ce que son nom de scène lui va bien. Il est grand, énorme et noir. Il ôte le peignoir et on le découvre en collant lycra à écailles dorées, se dandinant le plus naturellement du monde. J'en reste décidément toute retournée. J'ai la chair de poule, les poils de mes bras sont des antennes à la recherche de réseau (il a vraiment une voix de malade) et je suis bouche bée devant cet être incroyable qui a définitivement décidé de s'assumer tel qu'il est. Chacune de ses apparitions fut mémorable. Il est d'un sans-gène désopilant, une vraie bête de scène.
Je n'ai pas le temps de me remettre de mes émotions qu'entrent en scène les English Gents. Gents comme Gentlemen, je ne sais pas s'ils sont anglais mais ce qui est sûr, c'est qu'ils miment la décontraction britannique à la perfection tandis qu'ils enchaînent les acrobaties et les tours de force. A la fin de leur premier numéro en duo, ils sont en caleçon moulant imprimé Union Jack et remonte-chaussettes. Ils n'ont pas une once de graisse. Ils reviendront une fois, chacun exécutant un numéro solo qui fit vraiment la preuve, si besoin en était encore, de leur force herculéenne.
Déboule ensuite en scène, juché sur des patins à roulettes qui menacent de lui faire se casser la figure à chaque pas, un Charlie Chaplin qui me rappelle étrangement Elie Semoun. Il doit avoir un sacré sens de l'équilibre pour jeter ainsi ses pieds dans tous les sens sans tomber. Il tente de jongler d'abord avec des balles puis avec des sabres, plus inquiétant... Et je ne sais plus très bien comment, mais il finit son numéro travesti en rousse en roble blanche fendue sur les cuisses, sautillant sur un pied à ressort en jonglant de ses sabres.
L'anneau suspendu au plafond s'éclaire soudain et une version hyper sexy de Nicolas Sirkis y exécute toutes sortes de contorsions. Il se sert de l'anneau comme d'un trapèze, d'une barre ou d'une balançoire. Il s'enroule autour, en sort retenu par un seul pied, remonte, toujours en mouvement, se balançant plusieurs mètres au dessus de la foule. Si son pantalon ultra moulant n'avait pas trahi son anatomie, je serais restée persuadée d'avoir vu un ange noir pendant ces quelques minutes d'acrobatie aérienne.
Vient ensuite le tour d'une bien rigolote petite dame, déguisée en actrice jouant je ne sais trop quel rôle dans une pièce de Shakespeare. Son rôle justement consistait à se payer un moment d'art dramatico-romantique aux dépends d'un pauvre bougre du public (Mr Croze a eu bien peur que ce ne soit sur lui qu'elle jete son dévolu car elle a tourné un moment dans notre coin avant de faire son choix, le gars juste en face de lui!). J'appris plus tard qu'elle jouait aussi du piano tandis qu'elle accompagnait mon Gateau préféré, cette fois vêtu d'une cape à paillettes bleues brillant de mille feux (mais où trouve-t-il des costumes pareils à sa taille?) qui nous interprétait Smile (la chanson à la fin du film Modern Times de Charlie Chaplin).
Vint ensuite le moment le plus "adulte" de la soirée. Et je pèse mes guillemets. Parce qu'on a eu droit à un strip-tease intégral en bonne et due forme, oui Messieurs, même si le prétexte était un tour de magie où la danseuse faisait disparaître un mouchoir qui finissait toujours par réapparaître, comme par hasard, dans le prochain vêtement à tomber. Je vous laisse imaginer où est réapparu le dernier mouchoir... Mais la dame avait plus d'un tour dans son sac et elle fit un 2e numéro, une chanson/sketche en s'accompagnant de la guitare. Décidément pleine de ressources!
Et comme si le public masculin n'était pas assez enflammé, non allez je niaise, les nanas ont eu carrément leur compte dans cette soirée, une petite fée aux cerceaux, apparut sur la scène, version féminine et blanche de l'ange noir à l'anneau. Un moment de grâce. Elle fait onduler son corps mince souple pour retenir des anneaux sur son ventre, ses pieds, ses bras, jusqu'à 4 à la fois, dans des sens différents, s'il vous plait!
Ce fut ensuite le tour d'un couple de danseurs irlandais de mettre le feu avec leur numéro de percussions et river dance. Mise en scène épique, une soirée typique Outre-Manche, à peine exagérée avec rails de coke et distribution de gnons. Un couple avec un sacré sens du rythme et qui n'a pas peur de verser dans le trash.
Et enfin, le moment qu'elles attendaient toutes. Pas moi bien sûr, qui n'ai d'yeux que pour Mr Croze. Même si j'avoue que ce fut bien plaisant. Si je n'avais pas lu le programme avant, je n'aurais sans doute pas compris qu'on fasse monter une baignoire sur scène ni qu'on distribue des bâches aux premiers rangs. C'est pourquoi je souriais en sachant que son heure était venue. Celui qui pourrait faire vendre des millions de baignoires. The Bath Boy. Non je me suis pas trompée, et oui vous avez bien lu "bath". C'est un concept simple mais efficace. Vous connaissez l'élection de Miss T-shirt mouillé et son effet ravageur sur la gent masculine. Imaginez alors celui produit sur le sexe faible (toute féministe que je suis je dois avouer qu'on était pas un exemple de résistance à ce moment là) par un éphèbe brun ténébreux (genre celui de la pub Coca-Cola Light, faites pas semblant de pas voir de qui je parle...) vêtu uniquement d'un jean qui barbote dans une baignoire et en sort quand ça lui chante pour grimper et virevolter le long de deux longues sangles accrochées au plafond, éclaboussant au passage le public alentour avec un plaisir non dissimulé...
Point de rideau qui tombe mais Mr Loyal appelle les artistes après le dernier numéro et il est déjà l'heure de dire au revoir à la troupe alors qu'ils nous saluent sous des tonnerres d'applaudissements.
Voilà, même s'il est impossible de vous conter cette soirée tant il fallait la vivre, j'ai essayé tant bien que mal, en usant de mes talents de narratrice que j'espère à la hauteur de la tâche.